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Freud : pour
lui la religion n’est en définitive qu’une réponse élaborée par l’homme à son
besoin de sécurité et de protection. Quand mon père sur terre ne peut plus rien
pour moi, je m’inventerais un père qui est aux cieux pour combler ce vide et ce
besoin de protection.
« Les idées religieuses qui professent être des dogmes, ne
sont que le résidu de l’expérience ou le résultat final de la réflexion :
elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus
forts, les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force, est la
force de ses désirs. Nous le savons déjà : l’impression de détresse
infantile avait déjà éveillé le besoin d’être protégé - besoin auquel le père a
satisfait ; la reconnaissance du fait que cette détresse dure toute la vie
a fait que l’homme s’est cramponné à un père plus puissant. L’angoisse humaine
en face des dangers de la vie s’apaise à la pensée bienveillante de la
Providence divine… » (Freud, l’avenir
d’une illusion)
ü Marx : la religion comme opium du peuple
Pour
Marx : la religion sert à maintenir les injustices, la division et la
misère existant dans le monde profane, sans l’entamer.
ü Nietzsche : « le paradis est une
invention des faibles »
La critique de
Nietzsche de son côté repose sur l’hypothèse que « le paradis est une invention des faibles » : l’homme vit
souvent par ressentiment, c’est-à-dire que lorsqu’il est humilié, blessé, faible
il fait l’éloge de la faiblesse et dénigre la volonté de puissance. Ainsi lorsque
l’Evangile dit : « les derniers sont les premiers » Nietzsche y
voit la trace d’un ressentiment : « ces faibles aussi veulent être un
jour les plus forts, point de doute, un jour leur « Royaume » aussi
doit venir ».
Mais
j’aimerai faire à mon tour la « Généalogie de la généalogie de la Morale » de Nietzsche. a philosophie, elle se fonde sur l’expérience de l’absence de Dieu. Sa vie de souffrance (la maladie) le conduit
à l’angoisse du nihilisme…
C’est ce que
traduit son fameux texte: l’insensé en
plein midi. « où est Dieu ? » dans le gai savoir, III, 125.
Le dément (insensé). — N'avez-vous pas entendu parler de ce
dément qui, dans la clarté de midi alluma une lanterne, se précipita au marché
et cria sans discontinuer : « Je cherche Dieu! Je cherche Dieu! » — Étant donné
qu'il y avait justement là beaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu, il
déchaîna un énorme éclat de rire. S'est-il donc perdu? disait l'un. S'est-il
égaré comme un enfant? disait l'autre. Ou bien s'est-il caché? A-t-il peur de
nous? S'est-il embarqué? A-t-il émigré? — ainsi criaient-ils en riant dans une
grande pagaille. Le dément se précipita au milieu d'eux et les transperça du
regard.
« Où est passé Dieu? lança-t-il, je vais vous le dire! Nous
l'avons tué, — vous et moi! Nous sommes tous ses assassins! Mais comment
avons-nous fait cela? Comment pûmes-nous boire la mer jusqu'à la dernière
goutte? Qui nous donna l'éponge pour faire disparaître tout l'horizon? Que
fîmes-nous en détachant cette terre de son soleil? Où l'emporte sa course
désormais? Où nous emporte notre course? Loin de tous les soleils? Ne nous
abîmons-nous pas dans une chute permanente? Et ce en arrière, de côté, en
avant, de tous les côtés? Est-il encore un haut et un bas? N'errons-nous pas
comme à travers un néant infini? L'espace vide ne répand-il pas son souffle sur
nous? Ne s'est-il pas mis à faire plus froid? La nuit ne tombe-t-elle pas
continuellement, et toujours plus de nuit? Ne faut-il pas allumer des lanternes
à midi? N'entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui ensevelissent
Dieu? Ne sentons-nous rien encore de la décomposition divine? — les dieux aussi
se décomposent! Dieu est mort! Dieu demeure mort! Et nous l'avons tué! Comment
nous consolerons-nous, nous, assassins entre les assassins? Ce que le monde
possédait jusqu'alors de plus saint et de plus puissant, nos couteaux l'ont
vidé de son sang, — qui nous lavera de ce sang? Avec quelle eau pourrions-nous
nous purifier? Quelles cérémonies expiatoires, quels jeux sacrés nous
faudra-t-il inventer? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour
nous? Ne nous faut-il pas devenir nous-mêmes des dieux pour apparaître
seulement dignes de lui? Jamais il n'y eut acte plus grand, — et quiconque naît
après nous appartient du fait de cet acte à une histoire supérieure à ce que
fut jusqu'alors toute histoire! »
— Le dément se tut alors et considéra de nouveau ses
auditeurs : eux aussi se taisaient et le regardaient déconcertés. Il jeta enfin
sa lanterne à terre : elle se brisa et s'éteignit.
« Je viens trop tôt, dit-il alors, ce n'est pas encore mon
heure. Cet événement formidable est encore en route et voyage, — il n'est pas
encore arrivé jusqu'aux oreilles des hommes. La foudre et le tonnerre ont
besoin de temps, la lumière des astres a besoin de temps, les actes ont besoin
de temps, même après qu'ils ont été accomplis, pour être vus et entendus. Cet
acte est encore plus éloigné d'eux que les plus éloignés des astres, — et
pourtant ce sont eux qui l'ont accompli. »
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