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dimanche 31 juillet 2016

Quelle folie ?

« Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie… »
  Bien sûr, cette semaine, nous avons en tête cette folie meurtrière qui s’est emparée de deux jeunes qui ont assassinés le Père Jacques Hamel. Mais DIEU lui même nous met en garde contre une autre folie celle de vivre notre vie, « en amassant pour soi-même au lieu d’être riche en vue de Dieu ».
la folie d'une vie donnée
  J’imagine le Père Jacques arrivé au Ciel auprès de Dieu et des saints. Qu’est-ce qu’il nous dirait de ces événements ?  Je crois, assurément, qu’il nous dirait : sa joie d’une vie donnée. Sa vie, comme prêtre auprès des plus petits de l’Evangile dans cette banlieue de Rouen, il l’a offerte à Dieu. Personne n’a pu lui prendre même pas son assassin car sa vie, il l’a déjà donnée à Dieu.

la folie sécuritaire
  A contrario, voilà donc le plus grand des malheur, la plus grande des folie : celle d’amasser pour soi-même, de garder sa vie pour soi, de vouloir la « sécuriser » pour ne pas la perdre. Mais c’est pure folie nous dit DIEU lui-même.
  Et quel contraste entre les discours politiques et médiatiques ultrasécuritaire et polémiques (aux Etats-Unis, Russie, France…) et l’Evangile qui nous invite à être riche en vue de Dieu.
  Le pape François lors de la veillée de prière du samedi soir aux JMJ a mis en garde contre le danger de la paralysie qui nait « lorsqu’on confond le BONHEUR avec un DIVAN! Oui, croire que pour être heureux, nous avons besoin d’un bon divan. Un divan qui nous aide à nous sentir à l’aise, tranquilles, bien en sécurité. (…) »
  Mais le pape poursuit : « la vérité est autre : chers jeunes, nous ne sommes pas venus au monde pour « végéter », pour vivre dans la facilité, pour faire de la vie un divan qui nous endorme ; au contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte (…). Mais quand nous choisissons le confort, en confondant bonheur et consumérisme, alors le prix que nous payons est très mais très élevé : nous perdons la liberté ».
  En écho la parabole de l’Evangile dénonce l’attitude de cette homme consumériste, hédoniste qui après avoir amasser des richesses s’assoupit dans son « divan ». Mais c’est de la FOLIE ! dit Dieu car « ce soir je reprend ta vie ».
« là où est ton trésor, là aussi est ton cœur »
  La mort qui frappe des innocents aveuglement ces derniers mois convoque chacun à répondre à cette question de Dieu : « ce que tu auras accumuler : tes richesses financières, immobilières, tes privilèges, ta place dans la société… à qui le donnons-nous ? »
  Dans l’Evangile, Jésus nous interpelle « là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ».
A qui appartient notre cœur ? A qui appartient notre vie ?
Amassons nous en vue de nous-mêmes pour préserver le confort de notre divan ? ou en vue de Dieu ?
Face à la mort inéluctable qui vient, que faisons nous de notre vie ?
Résonne alors la Parole de Dieu de ce jour : « Vanité des Vanités, tout est Vanité » dit le sage Qohèleth (1, 2...). Toute recherche de puissance, de pouvoir, de richesse, de sécurité, de réputation… tout cela est vain, tout cela n’est que « fumée ».
Saint Paul (Col 3) nous dit « faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre » !
A qui appartient notre cœur ?
S’il appartient seulement à la terre, nous sommes les plus malheureux des hommes car au jour où nous perdrons la santé, la vie nous serons sans ressource, perdus… et nous ne vivons que pour survivre à l’heure fatale et inéluctable de la mort qui vient et qui ne laissera que poussière derrière elle.
Au contraire nous dit Saint Paul : « frères si vous êtes ressuscité avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut… » Non pas qu’il faille déserter la terre mais au sens où la promesse de notre baptême nous appelle à une VIE qui appartient au Ciel et à DIEU que rien ne peut nous ravir. Car « Rien ne peut nous séparer de l’Amour du Christ… ni la détresse… ni les « démons »… ni la mort » (Rm 8) . Appartenir à Dieu nous donne une grande liberté comme chrétien en ce monde.
Le pape François a interpelé les jeunes à ce propos
« Chers amis, Jésus est le Seigneur du risque, du toujours « au-delà ». Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le divan contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde. Aller par les routes en suivant la « folie » de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade, dans l’ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le migrant, dans le voisin qui est seul. Aller par les routes de notre Dieu qui nous invite à être des acteurs politiques, des personnes qui pensent, des animateurs sociaux. Il nous incite à penser à une économie plus solidaire. Dans les milieux où vous vous trouvez, l’amour de Dieu nous invite à porter la Bonne Nouvelle, en faisant de notre propre vie un don fait à lui et aux autres (…). »
« Faire de notre vie un don à lui et aux autres » 
c’est une autre manière de dire « être riche en vue de Dieu »
A qui appartient notre cœur, à qui le donnons nous ?
Je termine avec le témoignage de Sœur Hélène qui a vécu sous ses yeux l’assassinat du Père Jacques. Le jeunes agresseur lui demande : « as-tu peur de mourir ? » Elle répond « non ».
_Pourquoi ? _ « Je crois en Dieu et je sais que je serai heureuse » et elle de se dire en elle-même : « Pensant que j’allais mourir, intérieurement, j’ai offert ma vie à Dieu »


P. Jean-Emmanuel, homélie du 18ème dimanche du TO à l’église Saint Martin (Ligueil)

Bonus en musique : Ma Folie (groupe Nannup)


mercredi 27 juillet 2016

Seul un Dieu peut nous sauver

Démasquer le mal qui nous frappe
   Pas un jour ne passe désormais sans que nous soyons informés de nouveaux attentats. Dans ce nouveau siècle qui commence véritablement, rien ne peut plus nous assurer que demain nous ne serons pas touchés par cette folie qui tue aveuglément des innocents.
   Nous nous interrogeons : pourquoi cette souffrance ? Pourquoi ce mal à l’œuvre en notre monde ?
Les politiques et les media en perdent la tête cherchant des explications, se rejetant la responsabilité. Certes il nous faut chercher à comprendre humainement ce qui se passe pour agir en conséquence. 
Mais comme pour les générations qui ont connu les drames du XXe siècle, nous sommes dépassés par l’ampleur de ce mal sans visage si ce n’est le visage de ces hommes dépersonnalisés. Nommer ce mal avec des incantations tel « Daech », « terrorisme » ne suffit plus.

  Notre tradition judéo-chrétienne et aussi la tradition musulmane ont d’autres ressources pour démasquer ce mal et l’ « envisager ». Elles parlent unanimement de « démons » (=puissances), « diable » (=diviseur), « satan » (=adversaire). Autant de mot pour dire que ce mal a aussi une origine « spirituelle ». Dès lors le combat contre le mal se gagne aussi et d’abord sur un champ de bataille « spirituel ». La sécularisation du monde a conduit à restreindre notre représentation du monde au seul horizon de la terre. Les matérialismes aussi bien marxiste que libéral-consumériste – avec leurs promesses de bonheur terrestre – nourris d’une idéologie scientiste et positiviste ont exclu de leur champ de conscience ce monde spirituel que les époques antique et médiévale connaissaient bien. Cet a priori athéiste ou agnostique inculqué dans notre « éducation nationale » rend nos contemporains « aveugles » des véritables forces en présence.

Le véritable combat
   C’est le véritable sens du « combat spirituel », nommé dans l’Islam : « dhjiad ». Le combat contre le mal se joue d’abord sur le champ de bataille spirituel, en nous. L’enjeu du combat est notre propre conversion au Bien. Saint Paul écrit aux chrétiens d’Ephèse (Eph 6) :

Enfin, puisez votre énergie dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force.
11 Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable.
12 Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes.
13 Pour cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir bon.
14 Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice,
15 les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix,
16 et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais.
17 Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu.
18 En toute circonstance, que l’Esprit vous donne de prier et de supplier : restez éveillés, soyez assidus à la supplication pour tous les fidèles.

Le "Mystère caché" de notre monde
La question est alors quel est le sens de ce combat ? Quel est le sens de cette histoire ?
Il nous faut ouvrir la Bible pour y découvrir « le mystère qui était caché depuis toujours à toutes les générations » (Col 1, 26). En lisant la Bible, nous découvrons l’histoire du Salut, l’histoire d’un Dieu qui s’est lié à un peuple et qui est déterminé à le sauver. Un Dieu tellement déterminé qu’il s’est fait homme. Et sa détermination est telle ! qu’il va jusqu’à vivre la passion et mourir sur une croix. 
« Ma vie personne ne la prend, c’est moi qui la donne » (Jn 10,18). 
  
  Ce salut acquis par le sacrifice de sa vie est révélé dans la lumière de sa Résurrection qui atteste que l’Amour est plus fort que les forces de ténèbres qui ont conduit à faire mourir cet innocent, lui qui est le Fils de Dieu. Désormais, « rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ » (Rm 8, 35-38), il nous a aimé « jusqu’à l’extrême » (Jn 13,1).
Celui qui a  été saisi par ce grand amour, n’a plus peur de rien ! ni même la mort !
Ecoutons Jésus (Lc 12)
04 Je vous le dis, à vous mes amis : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus.
05 Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c’est celui-là que vous devez craindre.
06 Est-ce que l’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous ? Or pas un seul n’est oublié au regard de Dieu.
07 À plus forte raison les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus qu’une multitude de moineaux.

Voici donc le sens caché de notre monde. Paul le résume en cette formule :
« Car Dieu a bien voulu leur faire connaître en quoi consiste la gloire sans prix de ce mystère parmi toutes les nations : le Christ est parmi vous, lui, l’espérance de la gloire ! » (Col 1, 27)

Wake up ! Notre Espérance c'est le Christ !
Réveillons-nous chrétiens ! Sortons de l’aveuglement général à propos de ce que nous vivons ! Notre espérance, c’est le Christ, mort pour nous et Ressuscité ! il est le véritable SEIGNEUR, le ROI de l’univers, Maitre le l’Histoire.
Si nous comptons sur nos propres forces et nos petits raisonnements restreints nous sommes perdus en ce monde. Car SEUL un DIEU peut nous SAUVER du mal. Nous le redisons dans la prière du Notre Père : « Délivre nous du mal ».

Que devons nous faire ?
Suivre Jésus dont la prédiction se résume à
« Convertissez-vous »
Comment ? En pratiquant les œuvres de miséricorde (cf. bulle du pape François pour le Jubilé)
La seule résistance que nous pouvons opposer de manière efficace contre le mal est le Sainteté !
« Croyez à l’Evangile »
Dans Isaïe 7, il est écrit « Si vous ne croyez pas vous ne pourrez pas tenir ». Seule la foi peut nous sauver. Croire en Dieu c’est pratiquer sa foi par la prière, la célébration des sacrements de l’Eglise, la charité, l’annonce de la Bonne Nouvelle, l’engagement pour le dialogue et la paix.
Croire ou pas ? est une question aujourd’hui de vie ou de mort !
Notre espérance : « Le Règne de Dieu est tout proche » (Mc 1, 15)
Dieu Seul peut nous sauver et il est déterminé à le faire dans notre pays et dans le monde.

Sommes nous prêts à nous convertir, à croire et le suivre en accueillant son Règne dans nos cœurs en manifestant ses oeuvres de miséricorde ?