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lundi 8 février 2016

Devenir les saints que le monde attend

« Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu »
5ème dimanche TO 2016
Cette expression de l’Apôtre Paul (1Co 15 // 1Co11, 23) vient fonder ce que nous appelons, nous les chrétiens, la TRADITION.
La Tradition n’est pas un dépôt figé dans le passé. Le mot « tradition » vient du latin traditio qui traduit le mot grec : paradosis qui veut dire « livraison ». Ainsi, fondamentalement la Tradition, au sens de la théologie chrétienne, est « l’auto-livraison de Dieu en Jésus-Christ dans l’Esprit-Saint »[1]. La Tradition est le mouvement de vie en Dieu, mouvement de l’amour qui se reçoit et qui se donne. Nous pouvons ainsi dire que la tradition est la transmission vivante de l’Evangile – don de Dieu. Cette Tradition a pris des formes différentes à travers les siècles ; ainsi des traditions multiples sont nées, ont progressé, ont disparu ou se sont transformées.
Pour prendre une autre image, on peut regarder une course de relais. La Tradition se donne à voir dans le passage de témoin… de génération en génération. Des hommes et des femmes qui sont témoins du Passage de la mort à la Vie du Christ (Pâques). Ainsi nous voyons que cette transmission vivante, cette tradition « progresse » d’Est en Ouest, du Nord au sud… et à travers les âges. Et c’est grâce à cette chaine ininterrompue que nous sommes devenus chrétiens. Encore une fois ce qui est transmis n’est pas quelque chose de figé mais la VIE qui se donne sans cesse – comme une expérience de foi : comme aujourd’hui Isaïe à travers une théophanie (Isaïe 6), Paul sur le chemin de Damas, et tous les frères témoins du Ressuscité (1Co15), Pierre et les disciples dans la barque après la pêche miraculeuse.

Malheureusement dans cette chaine de transmission, notre péché a pu s’infiltrer. Deux choix se présentent à nous :
- soit nous promouvons la vie : dans ce jeu de naissance, de croissance et de mort à soi-même pour laisser à la génération suivante inventer sa manière de recevoir et d’interpréter l’Evangile reçu.
- Soit nous tentons de garder la vie pour nous-mêmes… mais cela finit par aboutir à la stérilité et la mort.
*C’est tout le problème de l’intégrisme et traditionalisme qui figent la vie à une seule interprétation considérée comme définitive ; on empêche aux fils d’être vraiment des fils ; « vos enfants, ne sont pas vos enfants » disait Khalil Gibran).
Il y a là un péché d’idôlatrie comme le dit le pape François : Dire "on a toujours fait comme ça", c’est un péché d’idolâtrie. La voie, c’est d’ouvrir notre  cœur à l’Esprit Saint, de discerner quelle est la volonté de Dieu. »
cf. discours du pape François aux évêques du Mexique
*En sens opposé mais conduisant à la même stérilité : l’idéologie progressiste qui rompt avec le passé en choisissant délibérément de se couper de ses racines (« en tuant le Père » : cette idéologie est aussi une idôlatrie qui conduit à la mort).

Face à l’émergence d’une nouvelle génération de croyants, nous pouvons être étonnés par l’expression nouvelle de foi que suscite chez eux l’expérience de la rencontre avec le Ressuscité… Il nous faut accueillir cette nouveauté comme un don que Dieu fait à notre Eglise. Le pape François l’a très bien compris. Cf. entretien dans l’avion le menant à Rio pour ses premières JMJ en 2013.
* soyons attentifs à cette nouvelle génération qui vient, en accueillant leur créativité (vidéo)
* Push to share the Joy

De très nombreux observateurs et acteurs de notre société perçoivent aujourd‘hui que la crise que nous vivons actuellement correspond à l’aube de temps nouveaux : temps nouveaux pour l’humanité / temps nouveaux pour l’Evangile. L’évènement du concile Vatican II est le signe prophétique de ce que nous commençons à voir se réaliser telle une promesse pour le nouveau siècle.
Ce qui s’annonce est à la fois très GRAND, il s’agit de l’établissement de ce que St Jean Paul II annonçait comme la CIVILISATION de l’AMOUR (j’ajouterai) miséricordieux. Des pionniers oeuvrent déjà ; mais ce sont nos enfants qui, avec la grâce de Dieu, vivront le déploiement du Royaume de Dieu. Cet avènement d’un monde nouveau ne se fera pas sans l’opposition des forces du mal (nous les voyons déjà à l’oeuvre)  - ces forces sont aussi en nous ! il ne s’agit pas de diaboliser qui que ce soit ! Aujourd’hui déjà, la progression des chrétiens dans le monde ne cessent de s’étendre ; et en même temps le nombre des martyrs chrétiens.


Des idéologies idolâtriques et puissantes s’immiscent dans nos mentalités modernes : le transhumanisme  en est un exemple (cf. Kurzweil, directeur de l’ingenerie  chez google…; Intelligence artificielle ; nouveaux défis éthiques des OGM humain); qui a précisément comme projet de dépasser l’homme, de le remplacer ; de supprimer notre passé, et les liens de filiations. Projet de destruction ou d’obstruction à la TRADITION.
En sens inverse, il y a d’autres forces de vie et de progrès qui sont conformes à la transmission de la vie. Je pense aux découvertes fabuleuses du BIOMIMETISME. (Idriss Aberkane…).

Le XXIème sera un siècle décisif pour l’humanité. Il y est question de VIE et de MORT comme à tous les grands tournants de notre histoire où se joue la tradition de la vie. Face à ce grand défi tous les hommes de bonne volonté, tous les croyants du monde des différentes religions auront à s’associer pour faire gagner la vie contre les forces de mort (cf. appel à la prière du pape François en janvier 1'30).

Voilà pourquoi, pour nous chrétiens, il nous faut
*être enracinés de plus en plus dans la foi au Christ mort et ressuscité qui nous révèle le visage du Père miséricordieux (cf. homélie du pape François le 4/02 : donner la foi en héritage).
*Ne pas avoir peur des immenses défis qui sont devant nous,
* ne pas avoir peur d’être des TEMOINS fidèles jusqu’au bout de l’Evangile (= martyrs)
*Risquer d’avancer au large
*Prendre des décisions, s’engager politiquement et socialement en faveur de la famille qui est le lieu où nait la vie et se développe (cf. synode pour la famille)
* Tout mettre en oeuvre pour promouvoir la vie de nos enfants et les faire grandir dans l'amour du Dieu miséricordieux (cf. Jubilé) et les éveiller à la beauté.
*Choisir la VIE contre l’option intégriste ou transhumaniste qui véhiculent la « culture de mort »  (Jean Paul II) et une « culture de l’exclusion » (pape François)

Et devenir les saints que le monde attend





D’après l’homélie prononcée en l’Eglise Saint Martin de Ligueil le 7 février 2016




[1] Pour aller plus loin lire le chapitre II de la constitution dogmatique Dei Verbum (Vatican II)