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mercredi 24 avril 2019

La Croix, l’autel et la Vierge



« Détruisez ce temple est en trois jours je le relèverai. (…)  Mais le sanctuaire dont Jésus parlait c’était son propre corps. C’est pourquoi lorsqu’il se releva d’entre les morts ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, ils crurent à l’Écriture et à ce que Jésus avait dit » (Jn 2, 19.21-22)

Nous y sommes ce soir. Le corps est brisé : « la multitude avait été consterné en le voyant car il était si défiguré… (Is 53- chant du Serviteur souffrant – 1ère lecture). Ce corps de Jésus est à notre ressemblance.
En Jésus, le Fils de Dieu, nous n’avons pas un grand prêtre
 incapable de compatir à nos faiblesses,
mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses,
à notre ressemblance, excepté le péché. (He 4 – 2e lecture)

Ce corps du Jésus est à notre ressemblance tant au plan personnel qu’au plan du corps social et du corps ecclésial.

        Pourtant, au cœur des drames qui nous touchent, il y a comme une espérance qui déjà pointe à l’horizon.  Ce ne sont encore que de petites étincelles de lumière…
Dans la première lecture, Isaïe voit  au-delà des souffrances du Serviteur,  une mystérieuse fécondité, une compassion rédemptrice :
En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait,
nos douleurs dont il était chargé.
Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié.
Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé,
à cause de nos fautes qu’il a été broyé.
Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui :
par ses blessures, nous sommes guéris.
(…)
Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur.
S’il remet sa vie en sacrifice de réparation,
il verra une descendance, il prolongera ses jours :
par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.

De même l’auteur de la lettre aux Hébreux écrit :
Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance
et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent
la cause du salut éternel.

Dans la Passion selon Saint Jean, la dernière parole de Jésus est : « Tout est accompli ». La Gloire de Dieu se donne à voir sub contrario dans le dénuement de la Croix. La mort en croix de Jésus est l’expression suprême de la Liberté de Dieu dans l’Amour.
 
À la lumière de la Parole de Dieu, José relire notre histoire récente.
Je vois cette Croix glorieuse dressée au milieu des décombres d’une cathédrale ravagée par les flammes.  Elle est le signe de l’amour jaloux d’un Dieu qui nous aime et qui ne veux perdre aucun de ses enfants.
Car l’amour est fort comme la Mort, la passion, implacable comme l’Abîme : ses flammes sont des flammes de feu, fournaise divine.
 Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves l’emporter. (Ct 8, 6-7)
« Tu as échangé ta vie pour la mienne »

L’autel : il représente le Christ. « La pierre rejetée par les bâtisseur est devenue la pierre d’angle.  C’est là l’œuvre du Seigneur. Nos yeux ne pouvaient le croire » (Ps 117, 22-23). Cet autel lui aussi a été sauvé des flammes. Il est la pierre sur laquelle repose tout l’édifice. Il « notre Rocher qui nous sauve »

Et toi Marie, toi Notre Dame, toi notre Mère qui veille là tout prêt de l’autel et prêt de croix. Tu te tiens debout et tu es aussi la Pieta, Mère de Miséricorde qui recueille dans tes bras le corps désarticulé de ton fils Jésus.
Tu es toujours là aux heures décisives de la France et de toutes les Nations.  Tu es le grand signe dans le ciel (Ap 12).  La femme de l’Apocalypse présente aux heures les plus sombres de l’histoire du salut aux côtés des témoins (martyrion).

Le temple est détruit,  le corps du christ est défiguré,  mais nous restons dans l’espérance. L’espérance de son corps ressuscité. « Tout est accompli ». De son exaltation sur la Croix il descend aux enfers. Il vient nous chercher,  nous ramener dans la maison du Père. Il nous ressuscitera dans un corps glorieux.

Homélie prononcée par Jean-Emmanuel Garreau, le vendredi 19 avril 2019, à l’église Saint Paul du Sanitas

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