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vendredi 8 février 2013

Envoyés les mains vides (Mc 6,7-13)

Jésus appelle les Douze, et pour la première fois il les envoie deux par deux. Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais, et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce n'est un bâton ; de n'avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »


Un bâton, des sandales : pour Jésus les missionnaires sont avant tout des marcheurs et non des démarcheurs...
Les mains vides : c'est la condition pour être témoin de Jésus et de son Évangile. On ne porte cette Bonne Nouvelle qu'en donnant à l'autre l'occasion de nous accueillir. Libre à chacun d'ouvrir sa porte à la Parole de Dieu qui s'invite. Une Parole qui se donne et se reçoit. Un Évangile qui se fait dialogue (dia - logos, Jn 1,3). C'est comme cela que Dieu se livre entre nos mains... Devenons "arche de la Parole".

" La parole de Dieu, on ne l’emporte pas au bout du monde, dans une mallette : on la porte en soi, on l’emporte en soi. On ne la met pas dans un coin de soi-même, dans sa mémoire comme sur une étagère d’armoire où on l’aurait rangée. On la laisse aller jusqu’au fond de soi, jusqu’à ce gond où pivote tout nous-même. On ne peut pas être missionnaire sans avoir fait en soi cet accueil franc, large, cordial à la parole de Dieu, à l’Évangile. Cette parole, sa tendance vivante, elle est de se faire chair, de se faire chair en nous.
Et quand nous sommes ainsi habités par elle, nous devenons aptes à être missionnaires. (...)
Si le missionnaire-prêtre est le porte-parole de la parole de Dieu, nous, missionnaires sans sacerdoce, nous en sommes une sorte de sacrement.
Une fois que nous avons connu la parole de Dieu, nous n’avons pas le droit de ne pas la recevoir; une fois que nous l’avons reçue, nous n’avons pas le droit de ne pas la laisser s’incarner en nous, une fois qu’elle s’est incarnée en nous, nous n’avons pas le droit de la garder pour nous: nous appartenons dès lors à ceux qui l’attendent.
Le temps des martyrs passe et revient, mais le temps des témoins dure sans cesse et témoins veut dire martyrs.
Cette incarnation de la parole de Dieu en nous, cette docilité à nous laisser modeler par elle, c’est ce que nous appelons le témoignage. Si notre témoignage est souvent si médiocre, c’est que nous ne réalisons pas que pour être témoin, il faut le même héroïsme que pour être martyr.
Pour prendre la parole de Dieu au sérieux, il faut en nous toute la force du Saint-Esprit.
« Vivre aujourd’hui comme si je devais ce soir mourir martyr », écrivait le Père de Foucauld.
« Commencer cette heure en sachant qu’il va falloir être martyr, être témoin », pourrions-nous dire au début de chaque heure de nos journées, parce qu’il n’y a pas d’heure où nous ayons le droit de laisser la parole de Dieu dormir en nous. Et cela implique une ferveur de tout nous-même en face de la grâce de chaque instant, une attente éperdue de cette force sans laquelle nous serons des renégats."
Madeleine Delbrel, "Missionnaires sans bateaux" in Nous autres gens des rues, 1943,p 70-71
Père Jean-Emmanuel, Saint Julien, messe des étudiants

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