Bien sûr, cette semaine, nous avons en tête cette folie
meurtrière qui s’est emparée de deux jeunes qui ont assassinés le Père Jacques
Hamel. Mais DIEU lui même nous met en garde contre une autre folie celle de
vivre notre vie, « en amassant pour soi-même au lieu d’être riche en vue
de Dieu ».
la folie d'une vie donnée
J’imagine le Père Jacques arrivé au Ciel auprès de Dieu et
des saints. Qu’est-ce qu’il nous dirait de ces événements ? Je crois, assurément, qu’il nous dirait : sa joie d’une
vie donnée. Sa vie, comme prêtre auprès des plus petits de l’Evangile dans
cette banlieue de Rouen, il l’a offerte à Dieu. Personne n’a pu lui prendre
même pas son assassin car sa vie, il l’a déjà donnée à Dieu.
la folie sécuritaire
A contrario, voilà donc le plus grand des malheur, la plus
grande des folie : celle d’amasser pour soi-même, de garder sa vie pour
soi, de vouloir la « sécuriser » pour ne pas la perdre. Mais c’est
pure folie nous dit DIEU lui-même.
Et quel contraste entre les discours politiques et
médiatiques ultrasécuritaire et polémiques (aux Etats-Unis, Russie, France…) et
l’Evangile qui nous invite à être riche en vue de Dieu.
Le pape François lors de la veillée de prière du samedi soir
aux JMJ a mis en garde contre le danger de la paralysie qui nait « lorsqu’on confond le BONHEUR avec un DIVAN!
Oui, croire que pour être heureux, nous avons besoin d’un bon divan. Un divan
qui nous aide à nous sentir à l’aise, tranquilles, bien en sécurité. (…) »
Mais le pape poursuit : « la vérité est autre :
chers jeunes, nous ne sommes pas venus au monde pour « végéter »,
pour vivre dans la facilité, pour faire de la vie un divan qui nous endorme ;
au contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte
(…). Mais quand nous choisissons le confort, en confondant bonheur et consumérisme,
alors le prix que nous payons est très mais très élevé : nous perdons la
liberté ».
En écho la parabole de l’Evangile dénonce l’attitude de
cette homme consumériste, hédoniste qui après avoir amasser des richesses
s’assoupit dans son « divan ». Mais c’est de la FOLIE ! dit Dieu
car « ce soir je reprend ta vie ».
« là où est ton trésor, là aussi est ton cœur »
La mort qui frappe des innocents aveuglement ces derniers
mois convoque chacun à répondre à cette question de Dieu : « ce que
tu auras accumuler : tes richesses financières, immobilières, tes
privilèges, ta place dans la société… à qui le donnons-nous ? »
Dans l’Evangile, Jésus nous interpelle « là où est ton
trésor, là aussi est ton cœur ».
A qui appartient notre cœur ? A qui appartient notre
vie ?
Amassons nous en vue de nous-mêmes pour préserver le confort
de notre divan ? ou en vue de Dieu ?
Face à la mort inéluctable qui vient, que faisons nous de
notre vie ?
Résonne alors la Parole de Dieu de ce jour :
« Vanité des Vanités, tout est Vanité » dit le sage Qohèleth (1, 2...). Toute
recherche de puissance, de pouvoir, de richesse, de sécurité, de réputation…
tout cela est vain, tout cela n’est que « fumée ».
Saint Paul (Col 3) nous dit « faites donc mourir en
vous ce qui n’appartient qu’à la terre » !
A qui appartient
notre cœur ?
S’il appartient seulement à la terre, nous sommes les plus
malheureux des hommes car au jour où nous perdrons la santé, la vie nous serons
sans ressource, perdus… et nous ne vivons que pour survivre à l’heure fatale et
inéluctable de la mort qui vient et qui ne laissera que poussière derrière
elle.
Au contraire nous dit Saint Paul : « frères si
vous êtes ressuscité avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut… »
Non pas qu’il faille déserter la terre mais au sens où la promesse de notre
baptême nous appelle à une VIE qui appartient au Ciel et à DIEU que rien ne
peut nous ravir. Car « Rien ne peut nous séparer de l’Amour du Christ… ni
la détresse… ni les « démons »… ni la mort » (Rm 8) . Appartenir à Dieu
nous donne une grande liberté comme chrétien en ce monde.
Le pape François a interpelé les jeunes à ce propos
« Chers amis, Jésus est le Seigneur du risque, du toujours
« au-delà ». Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité
et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il
faut se décider à changer le divan contre une paire de chaussures qui
t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur
des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la
joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans ton
cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde. Aller par les routes en
suivant la « folie » de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer
en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade,
dans l’ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le
migrant, dans le voisin qui est seul. Aller par les routes de notre Dieu qui
nous invite à être des acteurs politiques, des personnes qui pensent, des
animateurs sociaux. Il nous incite à penser à une économie plus solidaire. Dans
les milieux où vous vous trouvez, l’amour de Dieu nous invite à porter la Bonne
Nouvelle, en faisant de notre propre vie un don fait à lui et aux autres
(…). »
« Faire de notre vie un don à lui et aux autres »
c’est une autre manière de dire « être riche en vue de Dieu »
A qui appartient notre cœur, à qui le donnons nous ?
Je termine avec le témoignage de Sœur Hélène qui a vécu sous
ses yeux l’assassinat du Père Jacques. Le jeunes agresseur lui demande :
« as-tu peur de mourir ? » Elle répond « non ».
_Pourquoi ? _ « Je crois en Dieu et je sais que je
serai heureuse » et elle de se dire en elle-même : « Pensant que
j’allais mourir, intérieurement, j’ai offert ma vie à Dieu »
P. Jean-Emmanuel, homélie
du 18ème dimanche du TO à l’église Saint Martin (Ligueil)
Bonus en musique : Ma Folie (groupe Nannup)
Veillée Campus Miséricordia (JMJ Cracovie)
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