N’ayons pas peur de le dire, nous
nous sommes peut-être trop habitués à la Paix depuis plus de 70 ans en Europe.
Nous avons peut-être oubliés ces vieux démons de la haine que nos aînés ont connu
à travers les états de guerre et de violence. Notre prospérité apparente nous a
fait oublié la menace d’une violence permanente. Non que nous soyons
véritablement « en guerre » mais nous vivons une « troisième
guerre mondiale par morceaux » (pape François). De nouveau, nous voyons
apparaître le spectre de grands malheurs qui menacent notre avenir et celui de
nos enfants.
La nouvelle résurgence d'humanisme sans Dieu et d'intégrismes religieux
Mais le plus grand des malheurs n’est pas à chercher seulement dans l’extrémisme religieux de Daech (ou de tout autre groupe extrémiste). Le plus grand des malheurs vient
de notre propre « camp » : en Occident, après le marxisme et le
nazisme, une nouvelle forme d’humanisme
sans Dieu sous couvert d’ultra-libéralisme menace la vie des hommes. Cet
humanisme sans Dieu s’est installé, dans nos sociétés occidentales prospères, au
sein des institutions et les constitutions de nos Etats (soit disant
démocratiques). Or ce soi-disant « HUMANISME » qui se mue en
« transhumanisme » est incapable de protéger l’homme !
Pourquoi ?
Parce qu’il renferme l’homme dans
un monde clos, sans espérance ; cet « humanisme » se fait une trop
« petite idée » de l’homme, restreinte au point qu’on ne voit plus
l’homme que comme une espèce animal parmi d’autres – c’est le triomphe du
darwinisme – une espèce animale gênante pour certains écologistes… ; une
espèce qu’il conviendrait de dépasser pour les autres « transhumanistes »…
Ecologisme (en tant qu’idéologie) et transhumanisme pourraient ainsi faire
alliance en vue de la suppression de l’espèce humaine soit parce qu’elle risque
d’anéantir l’équilibre fragile de l’écosystème terrestre / soit parce que
l’homme est considéré comme trop vulnérable et faible.
On comprend alors que face à cet
humanisme rabougri où l’homme est réduit à n’être qu’un numéro, sans valeur,
surgit une autre folie : celle
des religions, qui de leurs côtés sacrifient l’homme à l’idée d’un Dieu si
GRAND que nous ne savons de lui que sa Loi, la sharia qui étend son empire et cherchent à soumettre les hommes.
Qu’est-ce que ce long récit de la
Passion de Saint Jean veut nous dire aujourd’hui ?
Au XVIIè siècle, le philosophe
Blaise Pascal écrit : « Jésus est en agonie jusqu’à la fin du monde.
Il ne faut pas dormir pendant ce temps‑là. » Oui aujourd’hui
comme hier, de puissantes forces du mal – osons les désigner ainsi – cherchent
à anéantir de projet de Dieu : son projet de VIE (cf. Histoire du Salut
dans la Bible). A l’époque de Jésus, ces forces du mal ont pris la formes
d’autorités politiques (Hérode et Pilate) et religieuses (Sanhédrin) et d’une
foule anonyme versatile.
Aujourd’hui, nous voyons ces
mêmes puissances du mal se déchainer sur des INNOCENTS : des enfants, des
femmes (violées), des hommes, comme vous en moi, chassés de chez eux, obligés
de partir sur le routes… ce sont tous ces hommes et ses femmes migrants,
fragiles à la merci de maitres chanteurs qui leur promettent de passer la
Méditerranée sur de frêles embarcations. Et nous les voyons s’échouer sur nos
plages, pour certains morts. Rappelez vous le petit Aylan…et la détresse de son
papa !
Ces forces du mal prennent de
multiples formes
-
en Occident,
sous la forme de structures étatiques qui restreignent de plus en plus nos
libertés individuelles. De nombreuses voix s’élèvent dénonçant la compromission
d’un certain nombre de nos gouvernants avec de puissants lobbys financiers. Ils
sacrifient alors de nombreuses familles réduites aux chômages ; sans
compter les milliers d’enfants avortés chaque année ; sans compter une
société « libertine » qui œuvre à une libéralisation sexuelle et
s’étonne après des dégâts de l’adultère sur la destruction des familles, et de
la pédophilie…
-
en Orient,
en ces lieux source de la foi chrétienne : nous voyons un régime
totalitaire – qui rappelle les pires heures du nazisme et du stalinisme – Daech
qui détruit Palmyre – ville symbole de la civilisation et des échanges entre
Orient et Occident –, qui met à sac Mossoul et ses habitants brutalisés,
dépouillés et des pays des droits de l’homme totalement impuissant pour
protéger ses populations, et encore plus incapable d’ouvrir leur porte pour
accueillir ces centaines de milliers de migrants victimes de ces forces du mal.
Ce mal, nous
croyions qu’il ne touchait que « les autres » (au loin), et nous le
voyons désormais nous toucher au cœur du quotidien de nos cités : ce mal
vient tuer nos enfants (13 novembre à Paris ; le 22 mars à Bruxelles… sans
parler de Beyrouth, Bamako, Tunis etc…)
Face à ce MAL qui ne cesse de grandir en faisant de nouvelles victimes,
que devons nous faire, nous, Chrétiens ?
1.
Ne pas
succomber à la sidération du Mal qui risquerait de nous paralyser dans la
résignation.
2.
MAIS surtout, il faut contempler le Christ en Croix. A la croix, deux choses nous sont
révélées :
a.
C’est d’abord les mécanismes diaboliques du mal
et de son mode opératoire qui sont mis en lumière. Sous nos yeux, la mise en
croix d’un innocent dénonce le système de corruption des autorités politiques
et religieuses.
b.
Mais le plus important, c’est le dévoilement de
l’identité d’un Dieu qui nous aime sans compter au point de se faire solidaire ;
SOLIDAIRE de nos pires malheurs en vivant lui-même le pire des supplices, le
sacrifice de la CROIX. Bientôt ce Mystère profond de l’Amour divin
miséricordieux sera dévoilé sous nos yeux.
La vénération de la Croix du Christ
Ce soir en venant vénéré cette croix, je vous propose de venir
déposer tous vos péchés, toutes ses petites compromissions qui favorisent
l’empire du mal, son emprise dans nos vies, dans notre pays et dans le monde.
(cf. geste des orthodoxes // croix de Taizé…) Oui ! venons à lui, le
Dieu Crucifié, ce Dieu dont nous avons à avoir nulle crainte. Lui qui est
« doux et humble de cœur ». Et
quand nous embrasserons la croix disons-lui « Jésus, j’ai confiance et j’espère
en toi ».
Ne faite pas ce geste rapidement ; mais prenez le temps
… j’ai vu des miracles s’opérer dans ce geste !
C’est la puissance de VIE qui se dégage de la Croix, une VIE
plus forte de la mort ; un AMOUR plus fort que les puissances de haine.
Soyons en sûr, la VICTOIRE nous est déjà donné par Dieu, là à la CROIX.
Amen
Jean-Emmanuel GARREAU
d'après la prédication en l'Eglise de Saint Pierre aux liens (Vou, diocèse de Tours) le vendredi 25 mars 2016
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