A l’entrée de ce Triduum, priant
les vêpres avec les étudiants, j’ai été comme illuminé par l’une des intentions
de prières du bréviaire.
« Seigneur
Jésus, Pasteur venu rassembler le troupeau dispersé,
que ta croix, signe
de ralliement, nous découvre le passage où convergent nos chemins »
Cette prière résonne tout
particulièrement avec les premières homélies du pape François.
Dès la première messe avec les
cardinaux, le pape François a souhaité replacer la CROIX au centre :
« Quand
nous marchons sans la Croix, quand
nous édifions sans la Croix et quand nous confessons un Christ sans Croix, nous
ne sommes pas disciples du Seigneur : nous sommes mondains, nous sommes des
Évêques, des Prêtres, des Cardinaux, des Papes, mais pas des disciples du
Seigneur ».
Aux Rameaux, s’adressant aux
jeunes, il disait : « N’ayons pas honte de sa Croix. Au contraire, embrassez-la pour avoir compris que c’est dans
le don de soi, dans le fait de se dépasser, que réside la véritable joie, que
c’est avec l’amour de Dieu qu'il a vaincu le mal. »
Alors que durant ces trois jours
Saint, nous entrons progressivement au cœur du Mystère Pascal, la liturgie de
ce Vendredi nous propose le geste de l’Adoration
de la CROIX.
Si le Jeudi Saint met en lumière
le geste du lavement des pieds, comme expression de l’Amour de Jésus qui nous
aime jusqu’à l’extrême, le Vendredi Saint nous replace aux pieds de la Croix.
La CROIX, signe des chrétiens
à la fois centre de notre foi et sommet
de la Révélation.
« Ta croix, Signe de ralliement »
Deux images me reviennent pour
illustrer ce mystère de la croix « signe de ralliement »
- il y a un mois, avec les
étudiants nous étions à Rome en pèlerinage et nous avons cette grâce de
célébrer la messe dans l’une des plus belles églises : la basilique Saint
Clément. Dans l’abside, nous découvrons la Croix de Jésus au centre qui se
déploie comme un arbre magnifique avec ses branches qui s’enroulent en larges
volutes abritant une quantité d’oiseaux et de petits personnages occupés à
leurs tâches quotidiennes. Cette mosaïque met celui qui la contemple en
présence d’un mystère : celui de cet homme-Dieu indissociablement
souffrant et glorieux, mort et ressuscité, Sauveur de tous ses frères humains à
nouveau « branchés » par lui sur la sève de la vie divine. « Ta croix, Signe de ralliement »…
- Après l’arbre, la deuxième image
me vient de la prière elle-même : l’image du bon pasteur : « Seigneur Jésus, Pasteur venu
rassembler le troupeau dispersé, que ta croix est signe de ralliement… ».
Le pape François en allant célébrer la messe du Jeudi Saint dans une prison a
posé un geste (lui aussi) EXTREME – jusqu’au bout de l’Amour. Successeur de
Pierre, il redit plus que par des mots le sens de son ministère : à la
suite de Jésus, Bon berger, il va à la recherche de sa brebis perdue… Il a déjà aussi beaucoup insisté sur cet
image du bon Berger (Lc 15) en rappelant que l’Eglise doit aller vers les
« périphéries »[1]… Il disait aux jeunes détenus : « Comme
prêtre et comme évêque je dois être à votre service ». Et il a lavé
les pieds de deux jeunes femmes dont l’une était musulmane… A la réponse de
Pierre au Ressuscité : « Seigneur, tu sais bien que je t’aime »,
Jésus lui donnait par trois fois cette mission « PAIS mes
brebis » ! Le pape François nous montre l’exemple à nous les
prêtres : notre vocation est bien d’être signe de « Jésus, le Pasteur
venu rassembler le troupeau dispersé » aux « périphéries » et de
mettre la croix au cœur de notre vie afin qu’elle soit « le signe de
ralliement ».
Avant d’adorer cette croix, la
liturgie de l’office de la Passion propose une longue prière… vous remarquerez
qu’elle se déploie depuis le centre de l’Eglise jusqu’aux périphéries, aux
extrémités…
La Croix nous découvre le passage où convergent
nos chemins
Enfin, cette croix nous dit la
prière, « nous découvre le passage
où convergent nos chemins ».
La Croix révèle
/ découvre le PASSAGE – la Pâques. La mort de Jésus en CROIX n’est pas une
voie sans issu ou un chemin qui ne mène nulle part… Sa croix ouvre un passage.
Dans l’Evangile de Jean, la figure du Bon Berger est associé – dans le même
chapitre 10 – à celui de la Porte – Jésus est « la porte des brebis »
(Jn 10,7). Jésus est la Porte vers laquelle convergent nos chemins… le Mystère
de sa mort et de la Résurrection nous ouvre la porte du Royaume de Dieu.
Entrons dans ce retournement de la mort vers la vie, de
la servitude de notre péché à la liberté, des ténèbres à la lumière ;
Poursuivons ce chemin de Rédemption
dont la croix
est le passage...
Amen
[1] « aux
‘périphéries’ : où se trouve la souffrance, où le sang est versé, il y a
un aveuglement qui désire voir, il y a des prisonniers de tant de mauvais
patrons ». homélie
de la messe chrismale.
P. Jean-Emmanuel, homélie du Vendredi Saint, Notre Dame la Riche
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