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dimanche 30 septembre 2012

La critique des "Maîtres du soupçon" - les racines de l'incroyance (2)


ü  Freud : pour lui la religion n’est en définitive qu’une réponse élaborée par l’homme à son besoin de sécurité et de protection. Quand mon père sur terre ne peut plus rien pour moi, je m’inventerais un père qui est aux cieux pour combler ce vide et ce besoin de protection.
« Les idées religieuses qui professent être des dogmes, ne sont que le résidu de l’expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force, est la force de ses désirs. Nous le savons déjà : l’impression de détresse infantile avait déjà éveillé le besoin d’être protégé - besoin auquel le père a satisfait ; la reconnaissance du fait que cette détresse dure toute la vie a fait que l’homme s’est cramponné à un père plus puissant. L’angoisse humaine en face des dangers de la vie s’apaise à la pensée bienveillante de la Providence divine… » (Freud, l’avenir d’une illusion)

ü  Marx : la religion comme opium du peuple
Pour Marx : la religion sert à maintenir les injustices, la division et la misère existant dans le monde profane, sans l’entamer.


ü  Nietzsche : « le paradis est une invention des faibles »
La critique de Nietzsche de son côté repose sur l’hypothèse que « le paradis est une invention des faibles » : l’homme vit souvent par ressentiment, c’est-à-dire que lorsqu’il est humilié, blessé, faible il fait l’éloge de la faiblesse et dénigre la volonté de puissance. Ainsi lorsque l’Evangile dit : « les derniers sont les premiers » Nietzsche y voit la trace d’un ressentiment : « ces faibles aussi veulent être un jour les plus forts, point de doute, un jour leur « Royaume » aussi doit venir ».
Mais j’aimerai faire à mon tour la « Généalogie de la généalogie de la Morale » de Nietzsche. a philosophie,  elle se fonde sur  l’expérience de l’absence de Dieu. Sa vie de souffrance (la maladie) le conduit à l’angoisse du nihilisme…
C’est ce que traduit son fameux  texte: l’insensé en plein midi. « où est Dieu ? » dans le gai savoir, III, 125.

Le dément (insensé). — N'avez-vous pas entendu parler de ce dément qui, dans la clarté de midi alluma une lanterne, se précipita au marché et cria sans discontinuer : « Je cherche Dieu! Je cherche Dieu! » — Étant donné qu'il y avait justement là beaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu, il déchaîna un énorme éclat de rire. S'est-il donc perdu? disait l'un. S'est-il égaré comme un enfant? disait l'autre. Ou bien s'est-il caché? A-t-il peur de nous? S'est-il embarqué? A-t-il émigré? — ainsi criaient-ils en riant dans une grande pagaille. Le dément se précipita au milieu d'eux et les transperça du regard.
« Où est passé Dieu? lança-t-il, je vais vous le dire! Nous l'avons tué, — vous et moi! Nous sommes tous ses assassins! Mais comment avons-nous fait cela? Comment pûmes-nous boire la mer jusqu'à la dernière goutte? Qui nous donna l'éponge pour faire disparaître tout l'horizon? Que fîmes-nous en détachant cette terre de son soleil? Où l'emporte sa course désormais? Où nous emporte notre course? Loin de tous les soleils? Ne nous abîmons-nous pas dans une chute permanente? Et ce en arrière, de côté, en avant, de tous les côtés? Est-il encore un haut et un bas? N'errons-nous pas comme à travers un néant infini? L'espace vide ne répand-il pas son souffle sur nous? Ne s'est-il pas mis à faire plus froid? La nuit ne tombe-t-elle pas continuellement, et toujours plus de nuit? Ne faut-il pas allumer des lanternes à midi? N'entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui ensevelissent Dieu? Ne sentons-nous rien encore de la décomposition divine? — les dieux aussi se décomposent! Dieu est mort! Dieu demeure mort! Et nous l'avons tué! Comment nous consolerons-nous, nous, assassins entre les assassins? Ce que le monde possédait jusqu'alors de plus saint et de plus puissant, nos couteaux l'ont vidé de son sang, — qui nous lavera de ce sang? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier? Quelles cérémonies expiatoires, quels jeux sacrés nous faudra-t-il inventer? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous? Ne nous faut-il pas devenir nous-mêmes des dieux pour apparaître seulement dignes de lui? Jamais il n'y eut acte plus grand, — et quiconque naît après nous appartient du fait de cet acte à une histoire supérieure à ce que fut jusqu'alors toute histoire! »
— Le dément se tut alors et considéra de nouveau ses auditeurs : eux aussi se taisaient et le regardaient déconcertés. Il jeta enfin sa lanterne à terre : elle se brisa et s'éteignit.
« Je viens trop tôt, dit-il alors, ce n'est pas encore mon heure. Cet événement formidable est encore en route et voyage, — il n'est pas encore arrivé jusqu'aux oreilles des hommes. La foudre et le tonnerre ont besoin de temps, la lumière des astres a besoin de temps, les actes ont besoin de temps, même après qu'ils ont été accomplis, pour être vus et entendus. Cet acte est encore plus éloigné d'eux que les plus éloignés des astres, — et pourtant ce sont eux qui l'ont accompli. »


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samedi 29 septembre 2012

Acte 1 : Les racines de l’incroyance (1)


1.     
La révolution copernicienne de la pensée 
Au XVIè siècle, les nouvelles découvertes de la science viennent remettre en cause nos représentations du monde. Descartes l’exprime en philosophie. Il se dit « puisque que je perçois que mes sens me trompent puisque je découvre que ce n’est pas le soleil qui tourne autour de la terre mais en réalité le contraire, il convient reprendre tout à zéro pour refonder sur de bonnes bases ». C’est pourquoi il met en place la méthode du doute afin de voir ce qui résiste au doute… La seule certitude qui lui reste après avoir douté de tout, c’est qu’il doute, si il doute c’est qu’il pense et il en arrive à ce fondement du «  cogito, ergo sum » = je pense donc je suis ! Toute la philosophie opère alors un retournement appelé aussi « révolution copernicienne de la pensée ». Le fondement de toute connaissance ce n’est pas le monde ou même Dieu, c’est le cogito : « je suis » c’est-à-dire le Sujet.
Avec Descartes, Dieu n’est plus que la « garantie » de mon existence mais il n’est plus le Dieu de l’Alliance. Face à l’émergence de ce déisme et de l’incroyance, Pascal propose une réponse : c’est le fameux pari de la foi. Il fait le choix du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob et non pas le dieu des philosophes.


2.      Philosophie des lumières : l’émergence de l’humanisme
Avec Kant, les liens entre la foi et la raison se distendent. La « Raison pure » ne peut conclure sur l’existence ou l’inexistence de Dieu. Dieu devient un postulat de la raison pratique si bien qu’il écrit : « J’ai remplacé le savoir par la foi ».

3.      XIXème siècle : naissance de l’athéisme
§  Hegel : le christianisme est la religion achevée. C’est la religion qui contient la vérité spéculative la plus parfaite de Dieu. Voie rationaliste.
§  développement du positivisme (Auguste Comte : il n’y a de vérité que de vérité scientifique…)
§  Feuerbach : fondateur de l’athéisme (rationnel ≠ militant)
Feuerbach critique le christianisme : Dieu ne serait que la projection de l’idéal de l’homme. Tout ce que la religion attribue à Dieu : bonté, amour intelligence… vient de l’homme. Il écrit « la conscience de Dieu est la conscience du soi de l’homme ». Il veut sortir de l’idéalisme ; « Dieu » est une invention, une illusion, de l’ordre de l’imaginaire ; supprimer l’arrière-monde.


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vendredi 28 septembre 2012

To Believe or not To Believe, That’s the question


Certains croient que Dieu existe. La plupart des religions affirment son existence. D’autres pensent qu’il n’existe pas. D’autres enfin sont indifférents ?
« Je crois… »   Ce sont les premiers mots du credo.
Mais qu’est-ce que je dis quand je prononce ces mots ?
Qu’est-ce que la foi ?  CERTITUDE ? EVIDENCE ?
La foi s’oppose-t-elle à la raison ?
Comment répondre de ma foi face aux objections de l’athéisme, du malheur... dans un monde où Dieu est ressenti comme absent ?...


La question du « croire » ou du « ne pas croire » se situe dans un contexte historique tout particulier : aujourd’hui : croire en Dieu peut paraître étrange/exotique/provocant face à une société hédoniste qui propose un bonheur facile et un peu factice dans la satisfaction des plaisirs et jouissance procurée par les biens matériels.

Les évêques dans la lettre aux catholiques de France (1996) font le constat :
Auparavant, on assistait à une transmission de génération en génération des valeurs, des repères, des savoir-vivre ; dans ce cadre il y avait aussi une transmission de la foi qui se faisait « naturellement » ; or désormais nous vivons dans une société plurielle qui est en profonde mutation. Le christianisme a subi ainsi le choc de la  généralisation de l’esprit critique, de la rencontre des cultures, du progrès des techniques.

Céline : Aujourd’hui, il n’est plus évident de croire en Dieu, cela ne fait plus partie de notre identité « naturelle », mais demande de poser véritablement un acte de foi, ce que nous faisons lors de la récitation du Credo : « je crois ».

JEG : Les évêques rappellent aussi que nous vivons dans un monde sécularisé marqué par le principe de laïcité : nous sommes sortis de l’ère de la chrétienté.
Dans ce nouveau contexte, il y a toujours le danger de la nostalgie (retour à la chrétienté…) ou de la résignation (mort du christianisme…). Au contraire, nous sommes invités à percevoir ce nouveau contexte comme un appel à garder le cap de l’espérance : s’engager à envisager la nouveauté du don de Dieu, qu’est la foi, aujourd’hui !

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samedi 15 septembre 2012

Vivre sa foi à l'école des Saints

Il était une fois un célèbre monastère qui passait par des temps difficiles. Ses nombreux bâtiments avaient regorgé de jeunes moines, et sa grande église avait résonné de chants. Maintenant, il était désert. Une poignée de moines traînaient leurs pas dans les cloîtres et louaient Dieu, le cœur gros.
A la lisière du bois du monastère, un vieux rabbi avait construit une petite cabane. Il y allait de temps à autre pour jeûner et prier. Personne ne lui adressait la parole, mais chaque fois qu'il faisait son apparition, les moines se sentaient soutenus par sa présence priante.
Un jour, le Père Abbé décida de rendre visite au rabbi et de lui ouvrir son cœur. Les deux hommes s'embrassèrent comme deux frères qui s'étaient perdus de vue depuis longtemps. Le rabbi invita l'Abbé à entrer. Au milieu de la pièce, il y avait une table de bois où était posée une Bible. Ils s'assirent un long moment devant le livre. Alors le rabbi commença à pleurer. L'Abbé ne put se retenir; il couvrit son visage de ses deux mains et se mit à pleurer lui aussi. Les deux hommes se tenaient là comme des enfants perdus. Quand les larmes cessèrent de couler et que le calme fut revenu, le rabbi leva la tête et dit: « Vous et vos frères, vous servez Dieu avec un cœur gros. Vous êtes venu me demander un enseignement. Je vais vous en donner un, mais vous ne pourrez le répéter qu'une seule fois. Après cela, personne ne devra le redire à haute voix. » Le rabbi regarda l'Abbé droit dans les yeux et lui dit: « Le Messie est parmi vous ».
Le lendemain, le Père Abbé rassembla ses moines et leur dit : « Le rabbi m'a donné un enseignement qui ne devra jamais plus être répété à haute voix. Il m'a dit que l'un de nous était le Messie ». Les moines tressaillirent. Qu'est-ce que cela peut bien signifier? Est-ce le Frère Jean ? Ou le Père Matthieu ? Suis-je, moi, le Messie ? Us furent tous fort embarrassés, mais n'en parlèrent plus. Avec le temps, les moines commencèrent à se traiter l'un l'autre avec un respect tout particulier. Il y avait maintenant parmi eux un je-ne-sais-quoi de gentil, de cordial, d'humain. Ils vécurent comme des hommes qui avaient fini par trouver. Ils prièrent comme des hommes qui cherchaient.
Avant longtemps, les gens vinrent de tous côtés pour se nourrir de leur prière. Des jeunes demandèrent de nouveau à entrer dans la communauté.

petite histoire proposée par Fr Thibaut du Pontavice, prieur du couvent des dominicains de Tours à l'occasion du lancement de l'aumônerie des lycées de Tours le Vendredi 21 septembre 19h30 à 22h00 (8 rue Bernard Palissy ou 1 quater rue Jules Simon)

thème d'année : "Vivre sa foi à l'école des Saints"

vendredi 14 septembre 2012

« Maintenant donc, ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance et la charité » (1 Co 13,13)

Au terme de cette lettre, je veux rendre grâce au Seigneur pour les merveilles qu’Il fait et fera au milieu de nous cette année. « Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson » (Jean 4, 35). Rendre grâce pour ceux qui ont répondu à l’appel de servir comme nouveaux responsables de la Mission étudiante, Michèle et Gilles Capou, pour Christelle et pour les membres de l’équipe d’animation pastorale. Cette année, cette mission reposera davantage encore sur le dynamisme communautaire des foyers étudiants Saint Julien et Notre Dame qu’accompagne aussi François Chevrier. Ensemble nous voulons servir le Seigneur et son Eglise afin d’ouvrir les « portes de la foi »[1], « servir la fraternité »[2], tracer des chemins d’espérance[3]. Peut-être avez-vous reconnu dans ce « programme » ce que la tradition de l’Eglise appelle les vertus théologales. Elles baliseront notre route cette année.




[1] « Porta Fidei » est la lettre apostolique de Benoit XVI pour promulguer l’année de la foi qui débutera le 11 octobre 2012, qui commémore le cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. L’année de la foi sera l’occasion pour nous de nous réapproprier des fondements de la foi chrétienne. http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/motu_proprio/documents/hf_ben-xvi_motu-proprio_20111011_porta-fidei_fr.html
 [2] Cette année nous serons aussi associé à la démarche « Diaconia 2013, Servons la fraternité » proposé par les évêques de France - http://diaconia2013.fr/ A Tours, les 10 et 11 novembre 2012, nous vivrons « le Festival Saint Martin, Festival du partage » avec la diaconie du Var, Glorious…

[3] Le grand rendez-vous de l’été sera aussi les JMJ à Rio (Brésil) qui ont pour thème « Allez de toutes les nations, faites des disciples » Mt 28,19. Cf. http://jmj2013.catholique.fr/. Aude et Maxime sont nos délégués : https://www.facebook.com/pages/JMJ-Tours-Rio-2013/100311613364680

8ème extrait de la lettre de rentrée 2012

jeudi 13 septembre 2012

Tu étais là


Le Cœur, voilà désormais le pilier de toute vie religieuse authentique, ce sur quoi peut s’appuyer ta vie entière. Les exilés de Babylone l’ont bien compris : ce n’est plus le Temple, ni les sacrifices, ni les holocaustes, ce n’est même plus la nation ou le groupe social ; c’est la source au cœur de ton cœur qui demeure quand tout est perdu. C’est de là que la vie peut repartir. C’est là que Dieu cache le mystère de sa présence qui t’appelle à la vie et qui est source de toute confiance. « Je vous donnerai un cœur nouveau » (Ezéchiel 36,26). Ces paroles du prophète sont un appel à un renouveau en profondeur. Elles renvoient chacun au mystérieux pouvoir de renouvellement qui habite notre propre cœur. Et quand les tempêtes de l’angoisse te font perdre pied, ancre-toi au mystère de cette présence cachée au plus intime de toi-même.



Jésus le Christ, tu étais en moi et je ne le savais pas. Tu étais là et je ne te cherchais pas. T’ayant découvert, je brûlais que tu sois le tout de ma vie. Un feu m’embrasait. Mais si souvent je t’oubliais à nouveau. Et toi, tu continuais à m’aimer ». 
Frère Roger, les Sources de Taizé
7ème extrait de la lettre de rentrée 2012

mercredi 12 septembre 2012

Tels des équilibristes…

Dans ce contexte, il ne s’agit pas de se replier sur nous-mêmes, tels des irréductibles Gaulois dans leur village en croyant être les détenteurs de la Vérité ou « les derniers des mohicans ». Nous ne possédons pas la Vérité. Mais nous suivons et nous rendons témoignage à Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jean 14,6). Et nous pouvons seulement « appartenir » à la Vérité en écoutant la Parole du Seigneur (Jean 18,37). Jésus a défini à ses disciples la position juste à tenir : tels des équilibristes nous devons être dans le monde sans être du monde. Le prophète Jérémie ne disait pas autre chose aux exilés. Rien ne sert de se lamenter de la crise dans laquelle vous êtes, il faut vivre en ce monde : bâtir, s’installer, planter, manger (Jérémie 29, 4-7). Et en même temps garder dans le cœur le Seigneur et renouveler chaque jour sa décision de le suivre en gardant son souvenir[1].




[1] Etty Hillesum, jeune femme juive de 29 ans, a vécu une conversion profonde à Auschwitz. Au cœur de ce camp de la mort où Dieu semblait absent, elle fit cette découverte déroutante : « Je vais T'aider mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance. Une chose cependant m'apparait de plus en plus claire : ce n'est pas Toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons T'aider - et ce faisant nous aider nous-mêmes » (dans son livre Une vie bouleversée).
6ème extrait de la lettre de rentrée 2012

mardi 11 septembre 2012

L’inévidence de Dieu et l’épreuve de la foi



Revenir sans cesse à cette source est essentiel si tu veux tenir dans la foi. Tu l’expérimentes chaque jour ; nous vivons dans un monde où il n’est pas facile de croire. Notre société s’est organisée en dehors de toute référence religieuse ; elle entend se suffire à elle-même sur une base profane. La démarche du croyant est une affaire privée. L’Eglise doit camper en marge de la société. Le croyant, lui, se retrouve souvent seul, sans appui, dans un monde pluraliste, face à une culture agnostique dominante qui n’offre pas de signe. Dans un monde marqué par l’inévidence de Dieu, il est bien facile d’oublier le Seigneur et d’abandonner la foi. Encore une fois, la Bible éclaire notre situation. Le peuple juif lors de sa déportation à Babylone (587-538 av. JC) aurait pu aussi perdre la foi (Psaume 136). Durant une cinquantaine d’années, les croyants d’Israël ont connu la plus grande épreuve de leur histoire en perdant toutes les institutions qui constituaient l’identité du peuple : le roi, le Temple, la Terre Promise… Tous les signes de leur élection furent anéantis. Déporté, dispersé dans l’immense empire chaldéen, au milieu des peuples païens, le peuple élu n’a pu tenir dans la foi qu’en se remémorant et en s’appuyant sur la Parole du Seigneur annoncée par les prophètes qui ouvrait, dans leur nuit, un chemin d’espérance.
5ème extrait de la lettre de rentrée 2012

lundi 10 septembre 2012

Ce que nous sommes est un cadeau de Dieu


Chaque rentrée à l’aumônerie ressemble un peu au rassemblement des tribus d’Israël à Sichem que raconte le livre de Josué (Josué 24). Chacun nous venons d’horizons différents, nous sommes porteurs de traditions et d’histoires différentes. Mêmes nos convictions religieuses peuvent être différentes sous-tendues par des expériences spirituelles diverses[1]. Le défi de chaque année est de découvrir ce que le peuple d’Israël a découvert lui-même : ce que je suis, ce que nous sommes est un cadeau de Dieu. Dieu aime la diversité. Chacun, Il nous crée unique. Son projet est de rassembler les hommes dans une même communion (Ephésiens 1,9). Dans l’Evangile, Jésus, en appelant des hommes si divers à le suivre[2], nous dévoile ce dessein du Père dont l’Eglise animée de l’Esprit-Saint continue d’être le signe vivant en ce monde (Ephésiens 4). 


La messe des étudiants célébrée le jeudi soir à l’église Saint Julien manifeste ce don de Dieu. Au cœur de notre ville universitaire, l’Eucharistie rassemble les « tribus » étudiantes du Seigneur qui viennent partager le repas de l’Alliance et se renouveler à la Source de Vie[3]. La Mission Etudiante est alors cette petite communauté de prière rayonnante de la joie pascale, foyer de lumière qui veille dans l’attente du retour du Seigneur.




[1] A l’époque de Josué (14 siècles avant JC),  Israël ne connait pas encore le monothéisme. Chaque tribu adorait le dieu de ses pères : El Shaddaï, le Dieu de la montagne et du tonnerre pour les fils d’Abraham ; El Olam, l’Eternel pour les fils d’Isaac ; El Elyon, Dieu très haut pour les fils de Jacob… et YHWH pour les fils de Joseph venus d’Egypte.
[2] Marc 3, 13-19 ; Jésus appelle aussi bien des anawim (pauvres de Dieu qui attendaient la venue du Messie), des zélotes (révolutionnaires de l’époque), des publicains (collabo des Romains), des savants comme des pécheurs, des hommes de toutes conditions sociales...
[3] « L'Esprit et l'Épouse disent : «Viens !» Celui qui entend, qu'il dise aussi : «Viens !» Celui qui a soif, qu'il approche .Celui qui le désire, qu'il boive l'eau de la vie, gratuitement » (Apocalypse 22,17).
4ème extrait de la lettre de rentrée 2012

dimanche 9 septembre 2012

Ta vie est porteuse d’un mystère


Chaque année, c’est toujours une grande joie pour moi de faire la connaissance avec de nouveaux étudiants « nomades ». Partager avec toi un bout de chemin est toujours l’occasion d’ouvrir des nouveaux horizons. Chaque vie est unique. Chaque vie est porteuse d’un mystère. Elle est porteuse d’un appel intérieur que l’on ne peut saisir qu’en faisant le récit du chemin parcouru et découvrant la trace du passage de celui qui est le Bon Berger de nos vies (Psaume 22). 
3ème extrait de la lettre de rentrée 2012

Les skippers de la Mission étudiante 2012-2013



samedi 8 septembre 2012

La vie nomade et le Dieu pèlerin



« T’es où ? » est souvent la première question que tu poses à celui qui t’appelle sur ton téléphone portable. Plus que jamais la vie étudiante est une vie nomade comme celle d’Abraham. Au cours de tes années d’études, tu es appelé à suivre ta scolarité dans différentes villes universitaires en France et à dans d’autres pays. Tu dois à chaque fois quitter, risquer, te dépasser, élargir l’espace de ta tente (Isaïe 54,2). Cette vie « mobile » est l’occasion de découvrir Celui qui marche à tes côtés. Celui qui connait tous tes chemins (Psaume 138, 2-3). Dans la Bible, Dieu se présente comme un Dieu pèlerin qui vient à la rencontre des hommes et qui les accompagne sur leurs chemins souvent sinueux pour les conduire vers un avenir plein de promesse.
2ème extrait de la lettre de rentrée 2012, P. Jean-Emmanuel

vendredi 7 septembre 2012

Une nouvelle année universitaire commence




Chaque rentrée nous donne d’expérimenter la vie comme un nouveau commencement. Après un été riche de souvenirs, de rencontres et d’expériences, voici qu’une nouvelle page blanche se présente devant toi. A toi de la remplir avec l’encre de ta vie. Au seuil de cette nouvelle année, tu éprouves probablement des sentiments mêlés de crainte et d’impatience. Il en est ainsi lorsque l’on arrive à un nouveau carrefour de sa vie. L’expérience d’Abraham dans la Bible peut éclairer ce que tu vis aujourd’hui. Lui aussi se posait des questions : qui suis-je ? À quoi suis-je appelé ? Quelle est ma voie ? Ai-je un destin dans le ciel ? Contemplant les étoiles, il entend une voix qui lui dit : « Pars vers toi-même »[1]. Et Abraham quitta sa parenté, son clan, sa contrée… pour se lancer dans l’aventure nomade. Comme toi, il ne savait pas encore où Dieu le conduirait. Mais en osant faire le pas de la confiance au carrefour de sa vie, de nouveaux possibles s’ouvraient devant lui. Une vie nouvelle.
extrait de la lettre de rentrée 2012, P. Jean-Emmanuel GARREAU, aumônier des étudiants


[1] Ainsi commence l’histoire d’Abraham dans la Bible  « Le Seigneur lui dit : « Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction… » (Genèse 12,1-2) On peut traduire aussi par « Pars vers toi-même ». Dans la Bible on ne peut accomplir sa vocation qu’en quittant. Quitter c’est passer de l’ancien au nouveau. Il y a une mort à soi pour renaître à une vie nouvelle, une nouvelle identité.