C'était en ce petit matin du jour de la Résurrection, je me suis rendu à la
prison de Tours pour célébrer la messe avec les détenus. J’y suis allé avec
cette même appréhension qui animait Moïse quand il s’est approché du buisson
ardent (Ex 3). Impression de fouler une terre sacrée. Terre de la fragilité,
des plaies ouvertes de l’humanité. Dieu dit « j’ai entendu les souffrances
de mon peuple… Va je t’envoie ». Que veux tu leur dire Seigneur ? C’était
ma question tout au long de cette semaine. Tu me fais « l’ambassadeur du
Christ » qui lance cet « appel » : Laissez-vous réconcilier
avec Dieu (2 Co 5). Quel humble serviteur ambassadeur je suis ! je suis un
homme pécheur, autant que ces hommes que je vais rencontrer (Is 6). Ce matin
l’Evangile est celui des paraboles de la Miséricorde. Avec le Père et ses deux
fils.
« Ce matin je voudrais avec
vous « déchirer mon cœur » (Joël 2,13) pour vous laissez entrevoir ce qui
m’anime au plus profond de moi-même (…) Je pense à ce fils cadet qui a voulu
voir le monde… voler de ses propres ailes… il s’est laissé entrainer dans la
misère ; le voici abusé, il perd pied… Voici que loin de son Père, il se
souvient de ce lieu merveilleux qui était la maison de son Père. Home,
sweet home ! Il avait été un
enfant gâté et il a tout gâché. C’est dans ces moments de détresse que
souvent Dieu se révèle à nous.
C’est dans ces
moments de détresse et de grande misère que Dieu vient jusqu’à nous... Comme ce
Père… ce vieux père qui est presque aveugle à force d’avoir pleuré toutes les
larmes de son corps… à force d’avoir attendu que son fils, son fils
bien-aimé revienne. Son cœur de Père est saisi
de compassion quand il le voit revenir. Et voilà ce vieux père qui court à
sa rencontre… il le serre dans ses bras… ses larmes se mêlent aux larmes de son
fils retrouvé. Ce fils c’est moi… moi qui entends dire « tu es mon fils
bien-aimé… tu es vivant, je t’attendais… depuis toujours. » Je sens les
bras du Père et de la Mère qui m’entourent ; ses mains qui caressent mon
visage et qui sèchent mes larmes. Ce père qui me couvre de baisers, ce Père qui
a le cœur d’une mère ; le cœur d’une maman parce qu’il est le Dieu
miséricordieux (rahamim).
Ce matin, c’est ce Dieu
miséricordieux que je veux vous annoncer. Dieu n’est pas d’abord justice mais
miséricordieux, tendre et compatissant. Je veux vous annoncer cette joie de
Dieu : le joie de nous réconcilier avec lui. C’est gratuit ! Sa seule grâce ! La seule condition pour
nous est de se laisser saisir dans notre vulnérabilité, saisir cette
« corde » qu’il nous envoie dans notre misère.
Ce matin, je me fais le porte-parole
de Dieu : « laissez vous réconciliez avec Dieu ; laissez Dieu
vous réconcilier avec vous-mêmes et votre passé… »
Tout le temps du Carême est ce temps pour nous préparer à ce
grand mystère de notre foi le mystère pascal : la mort et la résurrection
de Jésus… Dans sa Passion pour nous, Dieu ne s’est pas contenté de nous
attendre. Il est aussi venu nous chercher pour nous faire revenir à la maison.
Par sa résurrection il nous ouvre les portes du Paradis, le « chez
nous » avec Dieu le Père. I’m coming home.
Petit clin Dieu, en face de la prison, il y a une rue qui porte le nom de "rue de l'Espérance"
Jr 29 : "Dieu a pour nous un avenir, une espérance"...
Père Jean-Emmanuel
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