1 – Quelle est la vraie situation de la zone euro ?
Les problèmes structurels auxquels la zone euro est confrontée
sont pour l’instant occultés. Pour Gaël Giraud, il s’agit de permettre à Angela Merkel
de bénéficier de l’image de sauveur de la zone euro et ceci afin de faciliter
sa réélection en septembre 2013. Mais au lendemain de ces élections, on constatera que malgré la monnaie unique des
divergences se font jour entre les pays du nord de l’Europe et les pays du sud
de l’Europe. Les premiers s’industrialisent et exportent alors que les seconds (parmi
lesquels la France) se cantonnent à l’agro-alimentaire et aux services. De même
qu’aux Etats-Unis d’Amérique, les Etats pauvres bénéficient de transferts en
provenance des Etats riches, on pourrait envisager en Europe une solution de
type « fédéralisme budgétaire ». Mais une telle solution a peu de
chance de voir le jour dans l’immédiat car voila déjà vingt ans que la classe
moyenne allemande se serre la ceinture, d’abord pour financer la réunification et
ensuite pour maintenir la compétitivité de son industrie. La deuxième
difficulté vient de la dette de la Grèce qui augmente (ne fut-ce que pour
rembourser les intérêts de la dette) alors que son PIB baisse (notamment suite
au plan d’austérité). Face à cette situation, l’orateur propose de la création
de monnaie par la BCE (Banque centrale européenne). Certes, on aboutirait à une
dévaluation de l’euro mais d’une part, elle serait bénéfique (pour relancer les
exportations) et d’autre part, limitée (car le monde entier a besoin d’euros).
2 - Quelle est la vraie
situation des banques ?
La situation dans le monde de la finance est pire en 2013
qu’en 2007. Les banques de la zone euro pèsent maintenant l’équivalent de 3 à 4
fois le PIB des Etats de la dite zone. Elles sont trop grandes pour disparaitre
(to big to fail, comme disent les
financiers). Et c’est le contribuable qui paie (Dexia, à hauteur de 12
milliards d’euros) ou qui paiera (SFEF, à hauteur de 30 milliards d’euros). Les
banques font pression pour refuser la régulation et pour maquiller leurs
comptes. En effet, comment expliquer qu’en 2009, elles aient fait des profits
extraordinaires six mois après avoir frôlé la faillite ? Elles se sont
réunies à Londres et ont demandé à l’IASB de modifier les normes et
notamment les règles de valorisation des actifs toxiques. Quant au projet de séparation
entre les activités de marché financier et les activités de dépot, il va
accoucher d’une mesurette : la filialisation de l’activité spéculative qui
ne fait qu’entériner la situation actuelle mais ne constitue pas une cloison
étanche entre les deux d’activités, avec le risque que cela entraine pour
l’ensemble de la banque.
3 – Quelles sont les solutions au niveau de la France
et de l’Europe ?
Le pic de la production de pétrole est atteint et le
réchauffement climatique attendu est supérieur à ce qui était prévu il y a
encore peu. Il nous faut sortir d’un modèle économique qui repose sur le
pétrole. Notre orateur, qui n’est pourtant pas un militant d’EELV nous invite à
nous lancer dans la transition écologique. En tant qu’expert du Conseil
national du débat sur la transition énergétique, il prône la rénovation
thermique des bâtiments, l’écomobilité, et le verdissement des processus industriels
et agricoles. Et d’ajouter qu’il s’agit « d’une révolution aussi
ambitieuse que la révolution industrielle ». De cet ambitieux programme,
on peut certes attendre une amélioration de la balance commerciale, une
réduction des émissions de carbone, et la création massive d’emplois non
délocalisables, mais quid du financement ? Il faut effectivement compter
de l’ordre de 60 milliards d’euros par an pendant 10 ans soit 600 milliards
pour la France et 3.000 milliards pour l’Europe. Rappelons que les Etats ont
déjà mis à disposition des banques l’équivalent de 4.000 milliards depuis 2008.
La transition coûterait donc moins cher que le sauvetage inachevé des
banques.
4 – Que pouvons-nous faire à notre petite échelle ?
La transition écologique pourrait constituer le grand projet
de société qui nous manque. La reconstruction de l’Europe est terminée, les
grandes utopies mobilisatrices ne font plus recettes, alors il ne reste que la
financiarisation, la croyance dans le veau d’or. Pour le chrétien, c’est du rapport à la Création de
Dieu dont il s’agit et de la solidarité avec les générations futures qui par
définition aujourd’hui ne peuvent pas faire entendre leur voix. Il y a aussi
les gestes quotidiens (composter ses déchets, installer une ruche, préférer la
douche au bain, choisir la marche ou le vélo plutôt que la voiture, etc.). On peut aussi écrire à son
député. Eviter la désespérance du petit geste qui, croit-on, ne sert à rien, en
reliant le local au global (par exemple, avec des sites du genre de www.koom.org).
Manifestement cette réunion fut un succès : les
organisateurs tablaient sur 100 participants et il en est venu plus de 300 !
A tel point que, juste avant de commencer, il a fallu de déménager de la salle
paroissiale à l’église Ste-Jeanne-d’Arc. C’est dire d’une part, l’intérêt que le thème suscite même en dehors
du monde des finances et d’autre part, le travail des organisateurs tant au
niveau de la diffusion de l’information que du choix d’un orateur dont les
qualités pédagogiques sont déjà bien reconnues.
Cette réunion ne va pas rester sans lendemain : il s’agit,
en en appelant à la conscience de chacun, de trouver une initiative politique
prendre pour freiner la spéculation financière. Dans cette perspective, le CEAS[1]
propose de se retrouver dans moins d’un mois pour donner un suivi, voire des
suites concrètes, à cette conférence ?
Jean-Marie BEAUVAIS, le 29 janvier 2013, pour le site
du diocèse de Tours