Il y avait là
Alexandre, Corentin, Sophie, Paul, Marianne, Clémentine, Marie-Reine, Christelle,
et quelques autres compagnons… C’est alors qu’un chant s’est élevé, là en ce
lieu des sources de la foi et de l’évangélisation de l’Occident et du
monde :
R. Les saints et les saintes de Dieu
S´avancent vers le Roi des cieux,
Par leurs hymnes de joie,
Ils célèbrent sans fin celui qui donne vie !
S´avancent vers le Roi des cieux,
Par leurs hymnes de joie,
Ils célèbrent sans fin celui qui donne vie !
En écho à ce chant, je repensais à ce qui s’était vécu, là
dans cette basilique, 50 ans auparavant ! la plus grande assemblée des
évêques (successeurs des apôtres) de tous les temps : le concile Vatican
II. Le 21 novembre 1964, ils proclamaient une constitution (dogmatique) ) Lumen Gentium qui opérait une véritable
transformation de l’Eglise catholique (une conversion à sa source). Cela
pouvait se résumer à cette phrase au n°11 : avec la grâce de Dieu « tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père. »

Comment retentit cet appel dans nos vies ?
Nous croyons trop souvent que l’exemple des saints est pour
nous un objectif inatteignable ! La sainteté serait comme gravir une haute montagne. Depuis le
bas, ça paraît insurmontable ! Mais c’est oublié qu’on gravit une montagne
ou une paroi grâce à ses failles !
(H. Maldiney) les alpinistes le savent bien ! À sa manière, Eloi Leclerc
écrit dans Sagesse d’un pauvre :
« la sainteté n’est pas un
accomplissement de soi, ni une plénitude que l’on se donne. Elle est d’abord un
vide que l’on accepte et que Dieu vient remplir dans la mesure où l’on s’ouvre
à sa plénitude. Notre néant, vois-tu, s'il est accepté, devient l'espace libre
où Dieu peut encore créer. (…) Comment faire ? demanda Léon à François
(d’Assise)
Entendre l’appel à la sainteté : l’appel des cimes et l’écho des abîmes
C’est l’expérience de Paul :
« Ma grâce te suffit, car ma
puissance s'accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus
volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. »
(2 Co 12, 9)
C’est l’expérience d’Ignace de Loyola : « Prends Seigneur et reçois…Donne-moi
seulement de T’Aimer, donne-moi cette grâce, elle seule me suffit. »
Et celle de Thérèse d’Avilla : « Nada te turbe… Solo Dios basta »
Répondre à l’appel : la vie aventureuse versus la vie du « dernier homme »

Répondre à l’appel c’est OSER
l’aventure de la foi ! Ouvrir les chemins d’une charité inventive! Tendu vers
l’espérance indéfectible d’Amour fidèle qui nous précède en Avent !
Il y a mille façons de répondre à
l’appel à la sainteté ! Se marier…, être consacrés, religieux, prêtre, diacre,
missionnaire… Au plus profond de nous-mêmes, nous aspirons à l’aventure d’une
vie de plein vent ! au souffle de l’Esprit !
J’aime rappeler cette citation du
jeune Carlo Acutis découverte dans Christus
Vivit : « Il arrive que
tous les hommes naissent comme des originaux mais malheureusement beaucoup
meurt comme des photocopies ». (Ne permets pas que cela t’arrive) Soyez
des « originaux » ! ne soyez pas des pâles copies du
« clone » qui se conforme à la pensée ambiante de notre société de
consommation. En bref, fuyez la mondanité des « derniers hommes »
dont parlait déjà le philosophe Nietzsche :
Malheur ! Les temps sont proches où
l’homme ne jettera plus par-dessus les hommes la flèche de son désir, où les
cordes de son arc ne sauront plus vibrer ! Je vous le dis : il faut porter
encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. (…)
Je vous montre le dernier homme. « Amour ? Création ? Désir ? Étoile ? Qu’est
cela ? » — Ainsi demande le dernier homme et il cligne de l’œil. La terre sera
alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier homme, qui
rapetisse tout.

La compagnie des saints
Dans la Prière Eucharistique n°1, après avoir cité une longue litanie des
saints, nous disons à Dieu : « accueille nous dans leur
compagnie ».
Nous ne marchons pas tout seul sur ce chemin de la Sainteté,
comme le rappelle le célèbre Negro
Spiritual : « Oh when the
saints… »
Les saints ont toujours vécu en compagnie d’autres saints.
C’est en marchant ensemble qu’ils sont devenus des « Amis dans le
Seigneur ».
Saint Augustin, Saint Bernard, Saint François et Sainte
Claire, Ignace, Pierre et François Xavier (« la compagnie de
Jésus »), Pier Giorgio Frassati qui a fondé la « compagnie des types
louches »…
Alexandre ce soir ta propre compagnie d’amis dans le
Seigneur est là qui t’entoure. Je voudrais terminer avec les mots de ce chant du jésuite Jacques Guillet :
Quand on a livré sa vie au Seigneur Jésus,
quand on engage son existence dans une décision de fond,
On trouvera toujours dans le monde des frères et des sœurs,
des hommes et des femmes sachant pour quoi ils vivent,
Et l’on verra paraître le vrai visage d’une Église
accueillante et sereine au milieu des hommes.