Voici
la question posée à Jésus dans l’Évangile (Lc 13,22-30).
A
l’heure où se termine les Jeux Olympiques de Rio, j’aimerai éclairer cette
question du Salut avec la métaphore du sport en citant Saint Paul (1 Co 9, 24-27). Paul parle
en effet du salut comme d’un prix à remporter :
Vous savez bien
que, dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul
reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter.
Tous les athlètes
à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour
recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne
qui ne se fane pas.
Moi, si je cours,
ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en
frappant dans le vide.
Mais je traite
durement mon corps, j’en fais mon esclave, pour éviter qu’après avoir proclamé
l’Évangile à d’autres, je sois moi-même disqualifié.
Le but de notre vie
Cette « couronne qui ne se
fane pas », ce prix à remporter n’est-ce pas être sauvé, sanctifié, justifié? mais
qui peut-être sauvé ? La réponse de Jésus est déroutante au premier
abord: « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite car… beaucoup
chercheront à entrer et n’y parviendront pas ». D’une autre manière Saint
Paul semble aboutir à la même conclusion : il faut bien des efforts pour
PEU d’élus à la fin !
Retournement de l’Evangile
Mais
il faut aller plus loin car la dernière phrase du passage d’Evangile indique
que doit s’opérer en nous un changement de perspective : « Oui il y a des derniers qui seront premiers,
et de premiers qui seront derniers »
A y regarder de plus près, Jésus
présente deux manières d’envisager le Salut, cette « entrée dans le
Royaume de Dieu » :
- La
première consiste à vouloir se sauver par soi-même en cherchant à gravir
l’une après l’autre les marches de la perfection pour se hisser à la
première place. Mais Jésus nous prévient ce chemin est ardu, étroit… c’est
beaucoup d’efforts pour peu d’élus. C’est aussi le danger de tomber dans
cette hérésie qu’est le pélagianisme qui a trouvé en occident une nouvelle
forme dans l’idéologie du progrès des temps modernes.
- La
seconde voie est de mettre notre confiance en Dieu qui seul peut nous
sauver ; et cela à l’exemple de nos Pères dans la foi : Abraham,
Isaac et Jacob et aussi les prophètes. « Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi,
prendre place au festin dans le Royaume
de Dieu. »…
Que faut-il comprendre de la réponse paradoxale de
Jésus ?
Jésus est
catégorique : ce n’est pas nous qui pouvons nous sauver nous-mêmes même
avec toute notre bonne volonté, nos efforts, nos mérites… la pratique des
vertus, nos efforts pour essayer de faire le bien, être charitable… pour
évangéliser… pour prier, venir à la messe…
Pour le
dire autrement ce ne sont pas nos ŒUVRES que nous peuvent nous sauver ;
mais SEUL DIEU nous sauve !
Comprenons
bien : le but de notre vie, ce à quoi Dieu nous appelle c’est la vie de
Sainteté – « la sanctification » – c’est-à-dire : vivre dans la
communion avec Dieu et les hommes (c’est la vision du prophète Isaïe 66). Mais
la sainteté ce n’est pas gravir les escaliers de la perfection… la sainteté
n’est pas un accomplissement de soi par ses propres mérites ; mais la
« sainteté est d’abord un vide que l’on accepte et que Dieu vient remplir
dans la mesure où l’on s’ouvre à la plénitude » (Eloi Leclerc)
Car
aux yeux de Dieu PERSONNE n’est JUSTE : « éloignez-vous de moi, vous
tous qui commettez l’injustice ». Mais le vrai nom de Dieu c’est qu’il est
le MISERICORDIEUX !
Les deux plus grands athlètes de
tous les temps des Jeux Olympique ont bien découvert cette miséricorde de
Dieu – Ce Dieu qui vient nous chercher dans notre misère parce qu’Il est BON,
Tendre et rempli de compassion.
Michael Phelps, interviewé raconte que ni les
médias ni les médailles n’ont réussi à combler son vide intérieur et à le
détourner de ses pensées suicidaires. Grâce à des amis, il a retrouvé le chemin vers Dieu. Et avec la
grâce de Dieu, Phelps a été sauvé du gouffre et ramené à la vie. Son succès
l’emmène encore sur les podiums, et les médias continuent de le vénérer comme
un dieu, mais cette fois-ci Phelps sait qui il est et ce qu’il vaut. Il
comprend que les médailles d’or, quel que soit leur nombre, n’ont pas le
pouvoir de le sauver. Et il déclare « tout cet or ne peut
briller sans Dieu »
Seigneur, nous
te rendons grâce pour ta miséricorde… tu es si bon pour nous ! Notre désir
Seigneur est de remporter ce prix, cette couronne de Gloire dont tu remets à
tes saints. Toi seul est le Très Haut… nous nous en remettons humblement à toi.
Amen
P.
Jean-Emmanuel, église Saint Martin de Ligueil, d’après la prédication du 21 août
2016.