Cette expression de l’Apôtre Paul (1Co 15 // 1Co11, 23) vient
fonder ce que nous appelons, nous les chrétiens, la TRADITION.
La Tradition n’est pas un dépôt figé dans
le passé. Le mot « tradition » vient du latin traditio qui traduit le mot grec : paradosis qui veut dire « livraison ». Ainsi, fondamentalement
la Tradition, au sens de la théologie chrétienne, est « l’auto-livraison
de Dieu en Jésus-Christ dans l’Esprit-Saint »[1].
La Tradition est le mouvement de vie en Dieu, mouvement de l’amour qui se
reçoit et qui se donne. Nous pouvons ainsi dire que la tradition est la
transmission vivante de l’Evangile – don de Dieu. Cette Tradition a pris des
formes différentes à travers les siècles ; ainsi des traditions
multiples sont nées, ont progressé, ont disparu ou se sont transformées.
Pour prendre une autre image, on peut regarder une course de
relais. La Tradition se donne à voir dans le passage de témoin… de génération
en génération. Des hommes et des femmes qui sont témoins du Passage de la mort à
la Vie du Christ (Pâques). Ainsi nous voyons que cette transmission vivante,
cette tradition « progresse » d’Est en Ouest, du Nord au sud… et à
travers les âges. Et c’est grâce à cette chaine ininterrompue que nous sommes
devenus chrétiens. Encore une fois ce qui est transmis n’est pas quelque chose
de figé mais la VIE qui se donne sans cesse – comme une expérience de
foi : comme aujourd’hui Isaïe à travers une théophanie (Isaïe 6), Paul sur
le chemin de Damas, et tous les frères témoins du Ressuscité (1Co15), Pierre et
les disciples dans la barque après la pêche miraculeuse.
Malheureusement dans cette chaine de
transmission, notre péché a pu s’infiltrer. Deux choix se présentent à
nous :
- soit nous promouvons la vie : dans ce jeu de naissance,
de croissance et de mort à soi-même pour laisser à la génération suivante
inventer sa manière de recevoir et d’interpréter l’Evangile reçu.
- Soit nous tentons de garder la vie pour nous-mêmes… mais cela
finit par aboutir à la stérilité et la mort.
*C’est tout le problème de
l’intégrisme et traditionalisme qui figent la vie à une seule interprétation
considérée comme définitive ; on empêche aux fils d’être vraiment des
fils ; « vos enfants, ne sont pas vos enfants » disait Khalil
Gibran).
Il y a là un péché d’idôlatrie comme le
dit le pape François : Dire "on a toujours fait comme ça", c’est un
péché d’idolâtrie. La voie, c’est d’ouvrir notre cœur à l’Esprit Saint,
de discerner quelle est la volonté de Dieu. »
cf. discours du pape François aux évêques du Mexique
cf. discours du pape François aux évêques du Mexique
*En sens opposé mais
conduisant à la même stérilité : l’idéologie progressiste qui rompt avec
le passé en choisissant délibérément de se couper de ses racines (« en
tuant le Père » : cette idéologie est aussi une idôlatrie qui conduit
à la mort).
Face à l’émergence d’une nouvelle
génération de croyants, nous pouvons être étonnés par l’expression nouvelle de
foi que suscite chez eux l’expérience de la rencontre avec le Ressuscité… Il
nous faut accueillir cette nouveauté comme un don que Dieu fait à notre Eglise.
Le pape François l’a très bien compris. Cf. entretien dans l’avion le menant à Rio pour ses premières JMJ en 2013.
* soyons attentifs à cette nouvelle génération qui vient, en accueillant leur créativité (vidéo)
* Push to share the Joy
* soyons attentifs à cette nouvelle génération qui vient, en accueillant leur créativité (vidéo)
* Push to share the Joy
De très nombreux observateurs et acteurs
de notre société perçoivent aujourd‘hui que la crise que nous vivons
actuellement correspond à l’aube de temps nouveaux : temps nouveaux pour
l’humanité / temps nouveaux pour l’Evangile. L’évènement du concile Vatican II
est le signe prophétique de ce que nous commençons à voir se réaliser telle une
promesse pour le nouveau siècle.
Ce qui s’annonce est à la fois très GRAND, il s’agit de
l’établissement de ce que St Jean Paul II annonçait comme la CIVILISATION de
l’AMOUR (j’ajouterai) miséricordieux. Des pionniers oeuvrent déjà ; mais ce
sont nos enfants qui, avec la grâce de Dieu, vivront le déploiement du Royaume de
Dieu. Cet avènement d’un monde nouveau ne se fera pas sans l’opposition des
forces du mal (nous les voyons déjà à l’oeuvre)
- ces forces sont aussi en nous ! il ne s’agit pas de diaboliser
qui que ce soit ! Aujourd’hui déjà, la progression des chrétiens dans le
monde ne cessent de s’étendre ; et en même temps le nombre des martyrs chrétiens.
Des idéologies idolâtriques et puissantes
s’immiscent dans nos mentalités modernes : le transhumanisme en est
un exemple (cf. Kurzweil, directeur de l’ingenerie chez google…; Intelligence artificielle ; nouveaux défis éthiques des OGM humain); qui a précisément comme projet
de dépasser l’homme, de le remplacer ; de supprimer notre passé, et les
liens de filiations. Projet de destruction ou d’obstruction à la TRADITION.
En sens inverse, il y a d’autres forces de
vie et de progrès qui sont conformes à la transmission de la vie. Je pense aux
découvertes fabuleuses du BIOMIMETISME. (Idriss Aberkane…).
Le XXIème sera un siècle décisif pour
l’humanité. Il y est question de VIE et de MORT comme à tous les grands
tournants de notre histoire où se joue la tradition de la vie. Face à ce grand
défi tous les hommes de bonne volonté, tous les croyants du monde des
différentes religions auront à s’associer pour faire gagner la vie contre les
forces de mort (cf. appel à la prière du pape François en janvier 1'30).
Voilà pourquoi, pour nous chrétiens, il nous
faut
*être enracinés de plus en plus dans la
foi au Christ mort et ressuscité qui nous révèle le visage du Père
miséricordieux (cf. homélie du pape François le 4/02 : donner la foi en héritage).
*Ne pas avoir peur des immenses défis qui
sont devant nous,
* ne pas avoir peur d’être des TEMOINS
fidèles jusqu’au bout de l’Evangile (= martyrs)
*Risquer d’avancer au large
*Prendre des décisions, s’engager politiquement
et socialement en faveur de la famille qui est le lieu où nait la vie et se développe
(cf. synode pour la famille)
* Tout mettre en oeuvre pour promouvoir la vie de nos enfants et les faire grandir dans l'amour du Dieu miséricordieux (cf. Jubilé) et les éveiller à la beauté.
*Choisir la VIE contre l’option intégriste
ou transhumaniste qui véhiculent la « culture de mort » (Jean Paul II) et une « culture de
l’exclusion » (pape François)
Et devenir les saints que le monde attend
D’après l’homélie prononcée en l’Eglise Saint Martin de
Ligueil le 7 février 2016