Qui ne connait pas le tube des années 80’ du groupe Téléphone : « je rêvais d’un autre monde… » Cette aspiration à « un autre monde » est bien dans l’air du temps, surtout en ces temps de crise… Cette aspiration d’un monde AUTRE est portée par des groupes aussi divers que les « Indignés », les « Altermondialistes », les « promoteurs de l’idéologie du progrès », et maintenant les « veilleurs »… les motivations sont différentes mais c’est la même prise de conscience que ce monde ne nous satisfait pas. Il y a en chacun de nous l’aspiration d’un monde meilleur, un monde plus juste. Ce n’est donc pas étonnant de retrouver cette aspiration profonde dans la Bible, dans cette histoire de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Nous la retrouvons comme un fil rouge qui traverse cette histoire sous la forme d’une PROMESSE ! Promesse qui au fil des pages s’affine pour dévoiler le visage de l’Homme-Dieu dont la Vérité s’expose dans le Crucifié et explose dans la Résurrection de Jésus. C’est ce qui est exprimé dans le dernier livre de la Bible – l’Apocalypse de Saint Jean – à travers cette vision qui nous est rapportée aujourd’hui : « Moi, Jean, j'ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle … la Jérusalem nouvelle». Saint Jean atteste que la mort et la Résurrection de Jésus vient combler l’espérance des hommes, espérance d’un monde nouveau où la mort et l’injustice n’auront plus place !
Mais ne nous y trompons pas ! Ce monde Nouveau qu’ouvre Jésus par sa Résurrection renvoie dos à dos aussi bien ceux qui croient que l’histoire est une marche en avant uniforme vers le progrès, que ceux qui se réfugie dans le passé considérant l’histoire comme une lente et progressive descente aux enfers. L’émergence de ce monde nouveau inauguré dans l’événement de la Résurrection de Jésus n’est pas non plus sans faire trembler les puissants de ce monde. Car elle remet en question toute société fondée sur la puissance de forts et l’efficacité. Pourquoi ? parce que Dieu le Père, en ressuscitant son fils crucifié, nous redit avec force que le CHOIX de DIEU se porte sur les petits et les fragiles de ce monde. La Vierge Marie elle-même porte cette espérance « révolutionnaire » : « le Seigneur abaisse les puissants, il élève les humbles ».
Je le redis une fois encore : un monde AUTRE, un monde NOUVEAU advient, en ce temps où nous sommes, comme le germe d’une révolution profonde. Comme le dit la bénédiction finale du jour du Pâques nous sommes invités à « suivre les pas du Ressuscité » pour faire advenir ce monde NOUVEAU. Mais ne nous trompons pas de combat. Ne nous trompons pas de « Révolution ». Jean-Paul II disait l’ « Amour est la seule révolution qui ne trahisse pas l’homme ». J’en viens donc à ce dernier point.
Pour suivre les pas du Ressuscité, Jésus dans l’Evangile nous donne un « commandement NOUVEAU » : «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Le passage de l’Evangile de ce jour se situe juste après le geste du lavement des pieds. Un geste qui exprime l’EXTREME Amour que le Seigneur porte pour chaque homme. « Jésus ayant aimé les siens qui était dans le monde les aima jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême… » (Jn 13,1).
La promesse de cette civilisation de l’Amour qu’ouvre la Résurrection de Jésus s’enracine dans le « comme » - « comme je vous ai aimé » -, c’est-à-dire dans une expérience concrète, celle de l’amour que Jésus a déjà manifesté à notre égard. Aimer comme Jésus, c'est se mettre aux pieds de ses frères pour leur laver les pieds, c'est se faire leur serviteur. C’est tout l’enjeu de la démarche DIACONIA 2013.
jusqu’à aimer comme il nous aime…
« En toute chose aimer et servir »
C’est ainsi que nous serons ces témoins : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres ». Amen
P. Jean-Emmanuel, homélie du 5ème dimanche de Pâques, Tours